« Je suis née le 2 décembre, comme Francis Jammes, un dimanche, comme Mélisande, et en 1888 comme beaucoup d'autres gens... Mon pays est l'Albigeois et ma langue maternelle n'est pas le français, mais la langue d'oc. C'est en langue d'oc que j'ai entendu les premiers vers, ceux de nos chansons populaires. Et j'ai gardé de ma petite enfance le sentiment que la poésie n'est que chant et qu'elle ne saurait être le privilège de quelques-uns, mais le bien de tous, comme nos chansons populaires et les psaumes de nos offices. C'est peut-être pourquoi j'ai toujours rêvé d'écrire des poèmes avec les mots de tout le monde, avec les mots de tous les jours, usés, mais riches de leur éternelle charge de misères et de joies. C'est ce que j'ai tenté... Et je rêve aussi d'un temps où on pourrait non pas vendre des poèmes, mais les donner, comme les fleurs des champs que chacun peut cueillir. » C'est ainsi que Louisa Paulin se présentait elle-même dans une note autobiographique. Les auteurs des communications ici rassemblées à la suite de la journée d'étude qui lui a été consacrée le 1er avril 2016 à l'Université Paul Valéry de Montpellier, ont été surpris et subjugués par la dimension de la femme, du poète, de la musicienne et de la lectrice, bien au fait de la problématique de la création contemporaine, tant en langue française comme en langue occitane. Louisa Paulin est née en 1888, à Réalmont, près d’Albi. D’abord institutrice dans plusieurs villages du Tarn, elle devient professeur à Tulle où elle rédige ses premiers essais littéraires. Elle enseigne dix-huit ans en Limousin. Les premières atteintes d’une maladie qui devait la priver progressivement de la vue et de toute liberté de mouvement l’incitent à se rapprocher des siens. Ce sera sa période la plus créatrice. Après deux années passées à Albi, admise à la retraite anticipée, elle revient à Réalmont où elle meurt le 23 avril 1944.