En refusant à la fois l'intellectualisme désincarné et la formulation brute des sentiments, Max-Philippe Delavouë s'apparente esthétiquement à ceux des poètes modernes qui privilégient une fraîcheur élaborée, à Supervielle, à René-Guy Cadou, au Saint-John Perse d'Eloges. " Le plus grand et le plus ordinaire défaut des poètes est de ne savoir pas conserver le génie de leur langue ", écrivait Vauvenargues. On ne saurait faire ce grief à Max-Philippe Delavouët, bien au contraire. Classique, c'est-à-dire, ici, à la fois populaire et littéraire, son provençal reflète une richesse réelle, qui est celle d'un pays. Avec leurs cinq mille vers, répartis suivant l'empreinte régulière d'une strophe originale, animés d'un souffle puissant, les Pouèmo de Max-Philippe Delavouët sont, en ce siècle, l'œuvre majeure de la littérature provençale. Article de Claude Mauron, publié le 8 février 1973 dans Le Monde.